Coucher sa propre vie sur le papier n’est pas un exercice aussi simple qu’on pourrait l’imaginer. D’ailleurs, n’est-il pas souvent malaisé de parler de soi ? Ainsi, comme pour écrire un livre de fiction au sens strict du terme, d’évidentes qualités rédactionnelles et une réelle aptitude à la synthèse sont requises. Cerise sur le gâteau, cela va nécessiter une gymnastique particulière inhérente au genre autobiographique : être le personnage central de l’histoire et savoir se regarder avec un œil extérieur.
Écrire une autobiographie, c’est comme écrire un roman
Contrairement à ce que l’on pourrait supposer, une autobiographie n’est pas le récit exhaustif de toute une vie. A l’instar d’un roman, il va falloir faire son livre en racontant une histoire, et par conséquent déterminer un plan, choisir les événements, les lieux et les personnages qui viendront nourrir la narration, selon ce qui sera privilégié dans le texte. Inutile d’écrire un chapitre entier sur sa marque de céréales préférée lorsqu’on veut raconter son ascension politique au sein de sa commune.
Que dire dans son autobiographie ?
Il y a autant d’autobiographies que d’individus. Un astronaute ne se concentrera pas sur les mêmes aspects de sa vie qu’un survivant de la deuxième guerre mondiale. Tout dépend donc du message que l’on veut faire passer, raconter les coulisses d’une vie d’exception ou rédiger une leçon de vie à l’attention des jeunes générations.
Bien évidemment, la condition sine qua non de ce genre littéraire est de rester le plus fidèle à soi-même, que ce soit en racontant fidèlement son histoire en mettant l’accent sur ses traits de personnalité, ses singularités. Le trublion de la famille pourra très bien écrire son livre en déformant un événement pour lui donner une dimension humoristique.
Le récit autobiographique : sous quelle forme ?
Il ne s’agit pas de faire une liste des événements marquants d’une vie et de les énumérer les uns après les autres. Comment écrire un livre autobiographique digne de ce nom ? Encore une fois en se disant que l’on va écrire un texte, tout simplement. En privilégiant une structure en chapitres plutôt qu’une succession d’anecdotes, chaque chapitre évoquant un épisode particulier de la vie qui se doit d’être pertinent par rapport à l’ensemble du récit, apporter une pierre à l’édifice. Si l’astronaute peut consacrer un chapitre entier à la première fois où il a vu un avion passer dans le ciel, ce ne sera pas le cas pour un musicien, par exemple.
Mémoires ou témoignage ?
On pourrait formuler cette question autrement : à quel public désire-t-on s’adresser ? En effet, un livre destiné à circuler parmi ses proches pourra tout à fait correspondre à des mémoires, c’est-à-dire le strict récit d’une vie, tandis qu’une autobiographie appelée à rencontrer un plus large public correspondra plus volontiers au modèle du livre témoignage, dont le propos sera axé sur une leçon ou une expérience de vie singulière que l’on souhaite transmettre.
Exemples de récits autobiographiques célèbres
L’Histoire nous donne des traces d’éléments autobiographiques qui permettent de déduire la réalité d’une époque. C’est ainsi le cas pour le livre de Jules César La Guerre des Gaules. Évidemment, ce type de récit est une mine d’or pour les historiens qui cherchent à mieux comprendre l’époque mais aussi un risque au regard du lecteur néophyte qui peut ne pas voir ici et là quelques maniements de l’écriture dont la fonction était de sublimer l’auteur lui-même. Toutefois, le témoignage permet d’envisager une lecture de l’Histoire sans nul autre égal.
On pourrait également en dire de même des éléments historiques retracés quelques 2000 ans plus tard par le Général de Gaulle avec ses Mémoires. Ces œuvres pourtant très intéressantes et remarquablement fourmillantes d’informations doivent être lues avec une certaine prudence que les éditeurs essaieront de mettre en évidence parois auprès des lecteurs. On signalera ici aussi que l’éditeur, parfois, demandera à l’auteur de faire des corrections avant la publication du livre.
X.D.