Alors, sous l’emprise ou sous l’empire, que faut-il dire à votre avis ? Que ce soit dans les romans qu’on dévore, dans la presse qu’on lit, dans les émissions de télévision qu’on regarde, dans les émissions de radio, les podcasts ou les personnes qu’on écoute on entend tous les jours ou presque des expressions toutes faites pour lesquelles on peut parfois s’interroger sur le sens ou parfois encore sur leur bonne utilisation, même si on arrive à saisir le sens général. Sur Comment écrire, votre site ressource pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’écriture, nous allons aujourd’hui nous pencher sur la différence entre sous l’empire et sous l’emprise.

Une construction similaire

Avant de voir la différence de sens entre les deux formulations, commençons par voir la similitude qui existe entre les deux expressions au niveau de la construction. Nous avons, dans la forme la plus courante, la construction suivante :

le sujet + un verbe (régulièrement un verbe d’état) + sous l’emprise ou sous l’empire + le complément du nom empire ou emprise selon l’expression choisie

Par exemple :

Michel est sous l’emprise de Jean
Michel (sujet) est (verbe d’état) sous l’emprise (notre expression décryptée ici) de Jean (complément du nom emprise)

S’il s’agit de la construction la plus courante, d’autres constructions de ces deux expressions n’en demeurent pas moins possibles comme par exemple avec un sujet placé après l’expression de telle sorte que nous ayons par exemple :

sous l’emprise ou sous l’empire + complément du nom + sujet + verbe

Par exemple :

Sous l’emprise de Jean, Michel était… incapable de dire ce qu’il pense réellement

L’expression sous l’empire

Si la construction est similaire, chacune d’entre elles doit bien être employée dans une circonstance donnée. L’expression sous l’empire de désigne le fait d’être sous l’influence ou l’autorité de quelque chose alors que l’expression sous l’emprise de que nous verrons après désigne le fait d’être sous l’influence ou l’autorité de quelqu’un. Le complément du nom vous aide donc à bien identifier quelle est la formulation qui devrait être employée en fonction de la phrase.

Pour cette première expression, nous avons donc :

sous l’empire + complément de nom, ici, de quelque chose.

Par exemple :

Sous l’empire de la colère, ses mots ont dépassé sa pensée.

être sous l'empire de
Être sous l’empire de stupéfiants

Si cette expression avec empire était la seule admise autrefois qu’il s’agisse de désigner une chose ou une personne avant que le terme d’emprise ne soit admis puis ne gagne du terrain par la suite, elle est moins souvent utilisée de nos jours. Elle reste tout de même encore très utilisée dans le domaine juridique pour désigner les personnes qui sont sous l’empire de l’alcool ou de stupéfiant.

C’est notamment le cas pour définir les infractions au code de la route comme la conduite sous l’empire de stupéfiant ou la conduite sous l’empire d’un état alcoolique évoquées sur cette page.

L’expression sous l’emprise

Comme vous l’avez compris, cette seconde expression désigne donc le fait d’être sous l’autorité de quelqu’un. Il est d’ailleurs à noter que ces expressions peuvent tout aussi bien être utilisées pour représenter une personne ou un groupe de personnes comme nous le verrons avec l’exemple qui suit.

Pour cette seconde expression, nous avons donc :

sous l’empire + complément de nom, ici, de quelqu’un.

Par exemple :

Sous l’emprise de leur gourou, les membres de la secte exécutaient à la lettre chacun de ses ordres.

sous l'emprise de quelqu'un
Être sous l’emprise du diable

On pourrait ainsi envisager dans un début de roman policier que vous dépeigniez le profil d’un meurtrier de cette manière :

[…] Cela faisait bien longtemps que notre homme avait basculé du mauvais côté. Mais s’il ne faisait que multiplier jusque-là que quelques larcins, il allait sous l’emprise de son grand-frère en arriver à commettre l’irréparable. […]

Et dans « la littérature »

Si autrefois, seule l’expression sous l’empire de était « tolérée », nous terminerons cet article en précisant qu’il ne s’agit dorénavant ci-dessus que de recommandations, même si certaines peuvent venir de sommités en matière d’orthographe comme Bruno Dewaele par exemple. En effet, lesdites recommandations ne sont pas partagées par toutes et par tous et le terme d’emprise est désormais régulièrement utilisé pour désigner le fait d’être sous l’influence ou sous l’autorité de quelque chose.

se libérer de l'emprise
Après tant d’empire / d’emprise, un peu de liberté !

Puisque cette évolution semble tendre à l’acception de la formulation être sous l’emprise de quelque chose, maintenant que vous en connaissez non seulement l’histoire, mais aussi la recommandation des puristes eu égard à l’origine de ces deux expressions, rien ne vous empêche de faire quelques exceptions à ces recommandations sous l’empire de la poésie !

C.S